L'alimentation sélective chez les enfants | Problèmes et Solutions

L'alimentation sélective chez les enfants | Problèmes et Solutions

Écrit par : Alexis Parietti

|

|

Temps de lecture 9 min

Il trie les petits pois, boude la viande, refuse ce qu’il adorait la veille… et chaque repas devient un mini combat. Si tu as un enfant à la maison, tu as sûrement déjà connu cette situation : celle où l’assiette devient un champ de bataille. 


L’alimentation sélective, c’est ce moment (parfois long) où l’enfant se ferme à toute nouveauté, refuse certains aliments, ou accepte de manger seulement trois choses — toujours les mêmes.


Mais faut-il s’inquiéter ? Est-ce juste une phase, ou le signe de quelque chose de plus profond ? Et surtout, comment l’accompagner sans pression, sans conflits, mais avec efficacité ?

Qu’est-ce que l’alimentation sélective chez l’enfant ?


L’alimentation sélective, c’est quand un enfant refuse de manger certains aliments de façon répétée, parfois même des catégories entières comme les légumes, les fruits ou les plats mélangés. Il peut aussi insister pour manger toujours les mêmes choses, dans le même ordre, parfois même dans la même assiette.


Ce comportement est fréquent entre 2 et 6 ans, âge où les enfants traversent une période appelée la néophobie alimentaire : la peur de goûter de nouveaux aliments. C’est un passage souvent normal dans le développement, qui ne signifie pas forcément qu’il y a un problème.


Mais parfois, l’alimentation sélective se prolonge ou s’intensifie : l’enfant refuse de plus en plus d’aliments, les repas deviennent sources de tension, et l’équilibre alimentaire semble menacé. Dans ce cas, il est important d’observer la situation avec attention pour savoir si on est dans une phase passagère… ou s’il est temps de demander de l’aide.


Pourquoi certains enfants deviennent très sélectifs ?


Il n’y a pas une seule cause à l’alimentation sélective. En réalité, plusieurs facteurs peuvent se croiser, selon l’âge de l’enfant, son tempérament ou son environnement. En voici quelques-uns parmi les plus fréquents :


👉 Une hypersensibilité sensorielle. Certains enfants sont plus sensibles que d’autres aux goûts forts, aux textures (trop molle, trop fibreuse, trop croquante), ou même aux odeurs. Ce n’est pas de la comédie : leur perception des aliments est réellement différente, et parfois désagréable.

Pour en savoir plus : Hypersensibilité aux goûts et textures alimentaires


👉 Un besoin de contrôle. Entre 2 et 5 ans, l’enfant entre dans une phase d’affirmation de soi. Il veut décider, choisir, dire non. Et le repas est souvent l’un des rares moments où il peut exercer ce pouvoir. Refuser de manger devient alors un moyen de s’affirmer.


👉 Des expériences négatives passées. Un aliment mal digéré, un repas conflictuel, une consistance désagréable… il suffit parfois d’une mauvaise association pour qu’un enfant bloque totalement sur un aliment. Et ce rejet peut durer longtemps.


👉 Un climat trop tendu autour des repas. Quand manger devient une source de stress, l’enfant peut se refermer. Les regards insistants, les remarques répétées, les tensions à table… tout cela peut renforcer son refus.

Comprendre d’où vient cette sélectivité, c’est la première étape pour y répondre de façon adaptée, sans entrer dans un rapport de force.

Les conséquences possibles si on ne fait rien


La plupart du temps, l’alimentation sélective est une phase passagère qui se résout naturellement avec un peu de temps et de patience. Mais si elle s’installe durablement, elle peut avoir des effets plus larges que le simple refus d’un légume.


👉 Sur le plan nutritionnel, il y a bien sûr un risque de carences, mais il est souvent surestimé. Les enfants savent assez bien compenser sur la semaine, et tant qu’ils grandissent normalement et ont de l’énergie, il n’y a souvent pas lieu de s’inquiéter. Cela dit, une surveillance reste utile si l’enfant refuse des groupes entiers d’aliments.


👉 Sur le plan émotionnel et familial, c’est parfois plus compliqué. Les repas deviennent tendus, sources de conflits, et tout le monde les redoute. L’enfant peut développer du stress ou de l’angoisse à l’idée de manger, et les parents culpabilisent ou s’épuisent.


👉 Enfin, à long terme, cela peut perturber le rapport à la nourriture. Un enfant qui associe les repas à la contrainte ou à la pression risque de garder un lien compliqué avec l’alimentation une fois adulte, ce qui peut favoriser des comportements alimentaires déséquilibrés.


Pas de panique pour autant : mieux vaut agir tôt et en douceur, avant que les blocages ne s’enracinent.

Ce qu’il ne faut surtout pas faire en cas de Néophobie excessive


Quand on est face à un enfant qui refuse de manger, il est tentant de tout essayer pour qu’il avale ‘au moins quelque chose’. Mais certains réflexes, bien que compréhensibles, peuvent aggraver la situation au lieu de l’améliorer.


👉 Forcer ou culpabiliser. Le classique 'Tu ne sortiras pas de table tant que tu n’as pas mangé' peut marcher une fois… mais à long terme, cela crée du stress, de la résistance, voire un rejet complet de la nourriture. Manger sous la pression coupe l’appétit et abîme la relation à l’aliment.


👉 Déguiser systématiquement les aliments. Glisser des légumes dans un gâteau, c’est malin… mais si l’enfant découvre la ruse, il risque de se méfier de tout ce qu’on lui propose. L’idée, ce n’est pas de tromper, mais d’apprivoiser.


👉 Comparer à d’autres enfants. 'Regarde, ta sœur a tout mangé' ou 'Ton cousin adore les carottes, lui !' : ces phrases, souvent bien intentionnées, peuvent blesser et créer un sentiment d’échec. Chaque enfant est unique, et mange à son rythme.


👉 Mettre trop d’attention sur l’assiette. Si chaque repas devient une séance d’analyse ou de commentaires ('Tu n’as pas goûté ça', 'Tu n’as mangé que ça ?'), l’enfant peut se sentir observé, jugé… et se refermer.


Bref, l’idée est de créer un cadre serein, sans pression ni menace, pour que l’enfant ait envie de manger — pas qu’il s’y sente obligé.


En savoir plus : Forcer son enfant à terminer son assiette ? Fausse bonne idée ?

5 solutions bienveillantes contre l’alimentation sélective chez l’enfant


Bonne nouvelle : il existe plein de petites stratégies douces pour aider un enfant à élargir son alimentation, sans tomber dans les rapports de force. Ce sont souvent des ajustements simples… mais puissants.


Proposer sans insister. Présente les aliments sans pression. Il ne veut pas goûter aujourd’hui ? Ce n’est pas grave. Le voir sur la table régulièrement, dans une ambiance détendue, suffit parfois à éveiller la curiosité.

Petites quantités, grandes victoires. Une cuillère, une bouchée… c’est déjà un pas. Mieux vaut un petit 'oui' volontaire qu’un grand 'non' imposé.


Varier sur la semaine, pas à chaque repas. Ce n’est pas grave si le repas du jour n’est pas parfait. L’équilibre se joue sur plusieurs jours, pas sur une seule assiette.


Faire participer en cuisine. Couper une courgette, verser les pâtes, mélanger une sauce… quand l’enfant met la main à la pâte, il devient curieux de goûter. C’est là qu’une tour Montessori peut aussi faire des merveilles : elle l’invite à se sentir grand et actif. Et si votre enfant est trop petit pour participer, optez pour une tour de cuisine ! Votre enfant pourra accéder au plan de travail et en sécurité, avec des barreaux de protections et une plateforme stable.


Soigner la présentation. Une assiette colorée, des aliments découpés de façon ludique, des formes amusantes… parfois, il suffit de rendre le plat plus 'jouable' pour qu’il donne envie.


Encourager, mais jamais forcer. 'Tu n’as pas aimé, ce n’est pas grave. Peut-être une autre fois ?' Cette posture bienveillante encourage l’enfant à rester ouvert, sans se sentir jugé.

Petit à petit, bouchée après bouchée, l’enfant apprend à apprivoiser ce qu’il a dans son assiette… à son rythme.


En savoir plus : Les bienfaits de cuisiner avec son enfant 

Quand et qui consulter face à une alimentation sélective ?


La plupart du temps, l’alimentation sélective est une étape normale dans le développement de l’enfant. Mais il arrive que certaines situations nécessitent un petit coup de pouce professionnel.

Quand faut-il s’inquiéter ?


  • Si l’enfant refuse de manger des catégories entières d’aliments (ex : aucun légume, aucune protéine…)

  • Si les repas deviennent systématiquement sources de conflit, de pleurs ou d’angoisse

  • Si l’enfant perd du poids, semble fatigué, ou a des retards de croissance

  • Si ce comportement dure plusieurs mois sans amélioration malgré vos efforts

À qui s’adresser ?


  • Un pédiatre pourra évaluer l’état de santé général de l’enfant, vérifier qu’il grandit normalement, et exclure tout trouble médical.

  • Une diététicienne spécialisée en pédiatrie pourra proposer des ajustements alimentaires simples et adaptés.

  • Une comportementaliste alimentaire (comme Isabelle Parietti à Noidans-lès-Vesoul, qui propose aussi des consultations en visio) peut accompagner l’enfant et la famille pour apaiser les blocages émotionnels liés à l’alimentation.

  • Un psychologue de l’enfant peut être utile si l’alimentation sélective s’inscrit dans un contexte plus large d’anxiété ou d’hypersensibilité.


Il ne s’agit pas de dramatiser, mais de s’autoriser à demander de l’aide si la situation devient pesante, pour l’enfant comme pour les parents.

Astuces de parents : quand la communication change tout


Parfois, ce n’est pas ce qu’il y a dans l’assiette qui pose problème… mais la façon dont on en parle. Voici quelques idées de parents qui ont trouvé des approches originales pour détendre l’ambiance à table — et ça marche !


‘On a arrêté les 'Tu dois manger' et on a remplacé par 'Tu peux goûter si tu veux'. Juste ce petit mot 'si tu veux' a tout changé. Mon fils s’est senti libre, et il a recommencé à explorer les aliments.’
— Mélanie, maman de Paul, 5 ans


‘Je fais parler les aliments comme dans un dessin animé : 'Je suis la carotte magique, mange-moi si tu veux sauter plus haut !' Ça l’amuse et il finit par goûter en rigolant.’
— Élodie, maman de Zoé, 4 ans


‘Je ne parle plus de ce qu’elle mange pendant le repas. On discute de tout sauf de nourriture. Et devine quoi ? Elle mange beaucoup plus naturellement depuis.’
— Romain, papa de Léa, 6 ans


‘On a inventé un rituel : chaque soir, mon fils choisit un 'aliment à découvrir'. Il ne doit pas le manger, juste le sentir, le toucher, l’observer. Ça a ouvert plein de portes sans stress.’
— Camille, maman de Tom, 3 ans


‘Je lui demande ce que son ventre dit. Par exemple : 'Ton ventre dit qu’il a encore faim ?' ou 'Il est content avec ce que tu lui as donné ?'. Ça l’aide à écouter ses sensations au lieu de suivre une consigne.’
— Lucie, maman de Maël, 4 ans

Conclusion – Une bouchée de confiance à la fois


L’alimentation sélective peut mettre les nerfs à rude épreuve… mais elle n’est pas une fatalité. En prenant du recul, en évitant les rapports de force et en misant sur une communication bienveillante, on peut transformer les repas en moments d’échange, de découverte et de confiance mutuelle.


Chaque enfant a son rythme, ses préférences, ses peurs parfois aussi. Le rôle du parent, ce n’est pas de le forcer à avaler, mais de l’accompagner, l’encourager et surtout lui faire confiance. 


Parce qu’au fond, ce n’est pas juste une histoire de légumes ou de textures… c’est une relation qui se construit autour de l’assiette, bouchée après bouchée.

Alors on respire, on dédramatise, et on se dit que oui, il finira par goûter… quand il sera prêt.


🔸 Dois-je proposer un autre plat s’il ne veut pas de ce que j’ai cuisiné ?

Pas systématiquement. Tu peux prévoir un 'plan B' simple et neutre (ex : pain + fromage, yaourt + fruit), mais sans te transformer en restaurant à la carte — l’idée est de rassurer sans céder à chaque refus.

🔸 Comment réagir quand il mange très bien chez les autres, mais pas à la maison ?

C’est fréquent ! L’enfant teste plus facilement ses limites dans un cadre sécurisé (la maison). Garde ton calme, ça montre qu’il est capable de manger — et que ce n’est pas un problème de goût, mais souvent de posture.

🔸 Les écrans à table peuvent-ils aider ou nuire ?

À court terme, ça peut débloquer un repas… mais sur le long terme, ça brouille la relation à la faim et coupe les échanges familiaux. Mieux vaut garder les repas sans distraction pour encourager la pleine conscience alimentaire.

🔸 Faut-il cacher les aliments “réconfort” pour l’inciter à varier ?

Non, mieux vaut les intégrer de façon équilibrée. Les interdire les rend plus attirants. Mieux vaut valoriser la diversité que diaboliser certains aliments.