Pédagogie Pikler et Montessori, Quelles différences ?

Écrit par : Alexis Parietti

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Temps de lecture 7 min

Les différences entre la pédagogie Montessori et la pédagogie Pikler résident principalement dans leurs domaines d'application et leurs approches spécifiques du développement de l'enfant.


Maria Montessori se concentrait sur les enfants à partir de trois ans, mettant l'accent sur les découvertes sensorielles, la motricité fine et les apprentissages plus traditionnels tels que la lecture, l'écriture et les mathématiques. Son approche visait à créer un environnement éducatif structuré et stimulant, favorisant le développement cognitif et académique.


En revanche, Emmi Pikler se focalisait sur les nourrissons et les très jeunes enfants, travaillant sur leur développement global dès la naissance jusqu'à l'âge de trois ans. Elle mettait l'accent sur la relation parent-enfant, la motricité libre et le respect du rythme naturel de développement de chaque enfant. Son approche encourage l'exploration autonome et met l'accent sur le développement des compétences motrices et sociales dès les premiers stades de la vie.


Malgré leurs différences, ces deux approches partagent des similitudes. Tout d'abord, les deux femmes étaient médecins, un fait notable à leur époque. De plus, elles partageaient des valeurs communes telles que le respect de l'enfant et de son rythme, ainsi que l'importance de laisser l'enfant agir par lui-même sans intervention excessive de l'adulte.

Fondements historiques des deux approches :

Maria Montessori, née en Italie en 1870, était une médecin et éducatrice de renom. Elle a été l'une des premières femmes à obtenir un diplôme de médecine en Italie. Montessori a commencé à travailler avec des enfants présentant des troubles de l'apprentissage et a développé des méthodes éducatives basées sur l'observation et la compréhension des besoins des enfants. Son approche révolutionnaire a été largement influencée par ses observations dans les quartiers pauvres de Rome, où elle a constaté que les enfants étaient capables d'apprendre de manière autonome lorsqu'ils étaient placés dans un environnement stimulant et adapté à leurs besoins.


Emmi Pikler, quant à elle, était une pédiatre hongroise née en 1902. Elle a travaillé principalement avec des nourrissons et des jeunes enfants, en se concentrant sur leur développement physique et émotionnel. Pikler a fondé un institut à Budapest dans les années 1940, où elle a mené des recherches approfondies sur le mouvement libre des bébés et sur l'importance de la relation parent-enfant dans le développement de l'enfant. Son approche mettait l'accent sur le respect du rythme naturel de chaque enfant et sur la création d'un environnement sûr et sécurisé pour favoriser leur exploration et leur autonomie.


Ces deux femmes remarquables ont laissé un héritage durable dans le domaine de l'éducation, en développant des approches éducatives qui ont profondément influencé la façon dont nous comprenons et soutenons le développement des enfants.

Quelles sont les différences entre ces deux pédagogies ?

À l'origine, le travail de ces deux femmes était différent. Maria Montessori s'intéressait aux enfants à partir de trois ans, concentrant ses efforts sur les découvertes sensorielles, la motricité fine et les apprentissages plus traditionnellement scolaires tels que la lecture, l'écriture ou les mathématiques. Son approche visait à créer un environnement éducatif structuré et stimulant, où les enfants peuvent explorer et apprendre à leur propre rythme, en se concentrant sur le développement de compétences cognitives et académiques.


D'un autre côté, Emmi Pikler se concentrait sur les nourrissons et les très jeunes enfants, travaillant sur leur développement global dès la naissance jusqu'à l'âge de trois ans, avec un intérêt particulier porté à la période cruciale de la naissance à la marche. Son approche mettait l'accent sur la relation parent-enfant, la motricité libre et le respect du rythme naturel de développement de chaque enfant. Elle observait attentivement les interactions entre les nourrissons et leur environnement, encourageant les enfants à explorer et à apprendre par l'expérience, en mettant l'accent sur le développement des compétences motrices et sociales.

Quels sont les points communs entre ces deux femmes ?

À L'origine, le travail de ces deux femmes était différent. Maria Montessori s'intéressait aux enfants de trois ans, axant ses efforts sur les découvertes sensorielles, la motricité fine et les apprentissages plutôt scolaires tels que la lecture, l'écriture ou les mathématiques. D'un autre côté, Emmi Pikler se concentrait sur les nourrissons et les très jeunes enfants, travaillant sur leur développement global entre zéro et trois ans, avec un intérêt particulier de la naissance à la marche.


Mais alors, quelles similitudes ?


Tout d'abord, elles étaient toutes les deux médecins, une profession encore peu commune à leur époque. Ensuite, elles partageaient des valeurs communes telles que le respect de l'enfant et de son rythme, le fait de laisser l'enfant agir par lui-même sans intervention opportune de l'adulte, ainsi que l'absence de comparaison entre les enfants, un des piliers de la pédagogie Montessori.


La liberté de choix était également un aspect central, où l'enfant avait la possibilité de choisir le matériel avec lequel il souhaitait travailler à un moment donné. Pour elles, c'était essentiel, car cela correspondait aux besoins de l'enfant pour progresser, une idée également présente dans l'approche de Pikler. Selon elle, ce que le bébé fait spontanément à un moment donné est ce qui le stimule de manière optimale à chaque étape de son développement.


Le bébé s'exerce spontanément, effectuant des actions qui correspondent à son niveau de maturation musculaire et neurologique, et ses mouvements, réalisés de manière spontanée et continue tout au long de la journée, lui permettent de se préparer en douceur à une nouvelle acquisition : un retournement, un mode de déplacement au sol, voire une nouvelle posture. Ainsi, dans les deux approches, on reconnaît que ce que l'enfant fait spontanément est ce qui stimule son cerveau de manière optimale, changeant complètement la dynamique de la relation entre l'adulte et l'enfant.


Le rôle de l'adulte n'est plus d'apprendre des choses à l'enfant, mais plutôt de mettre à sa disposition un environnement riche et stimulant qui favorise son autonomie et ses apprentissages autonomes.


Le principe fondateur de la pédagogie Montessori consistait, par exemple, à aider l'enfant à faire seul. Maria Montessori proposait aux jeunes enfants de beaux objets de la vie quotidienne, tels que des verres, des carafes, des bols, des bouteilles. On pense d’ailleurs à la célèbre tour Montessori, qui leur permet de prendre de la hauteur.



Ces objets étaient fragiles, mais adaptés en termes de taille et de poids aux petites mains et aux capacités physiques des jeunes enfants, leur permettant ainsi de s'entraîner autant de fois qu'ils le souhaitaient jusqu'à la maîtrise du geste. Ainsi, les enfants accompagnés de cette manière devenaient autonomes très tôt pour se servir un verre d'eau, nettoyer une table, prendre soin d'une plante, etc.


Ce même principe se retrouve chez Pikler, par exemple, dès qu'elle commençait à nourrir les bébés au biberon. Elle montrait déjà le biberon au bébé avant de le leur donner. Ensuite, elle attendait que les bébés ouvrent la bouche avant d'y mettre la tétine. De plus, Pikler tenait toujours le biberon par l'extrémité inférieure afin qu'ils aient toute la place pour mettre leurs mains et tenir le biberon s'ils le souhaitaient. Enfin, les biberons étaient transparents et aussi sobres que possible pour que les bébés puissent voir le contenu et le niveau.


Dans ces conditions, des bébés de quelques mois étaient capables de boire au biberon de manière autonome. D'ailleurs, Emmi Pikler a également développé un jouet permettant de développer la motricité libre des touts petit : le triangle d'escalade


Ainsi, Montessori et Pikler étaient toutes deux convaincues que les jeunes enfants apprennent par l'expérience, défendant l'idée que les milieux éducatifs, en particulier entre zéro et six ans, ne devaient pas être des endroits où les enfants étaient passifs, écoutant et reproduisant des modèles selon des directives précises, mais plutôt des laboratoires d'exploration où les enfants étaient acteurs de leur journée, de leurs découvertes et de leurs apprentissages.

Points forts et limites de chaque approche

Pédagogie Montessori :

Points forts :

- Favorise l'autonomie et l'auto-éducation de l'enfant.

- Encourage le développement sensoriel, moteur et cognitif à travers un matériel spécifique et des activités préparées.

- Adaptable à différents styles d'apprentissage et besoins individuels des enfants.

- Favorise la concentration, la discipline et la responsabilité chez les enfants.


Limites :

- Peut nécessiter un investissement financier pour l'acquisition de matériel éducatif spécifique.

- Requiert une formation spécifique pour les éducateurs afin de mettre en œuvre efficacement la méthode.

- Peut être perçu comme trop structuré ou rigide par certains enfants ou familles.

- Ne convient pas nécessairement à tous les enfants ou à tous les contextes éducatifs.

Pédagogie Pikler :

Points forts :

- Met l'accent sur la relation parent-enfant et le respect du rythme de développement de l'enfant.

- Favorise la confiance en soi, l'exploration autonome et la motricité libre.

- Créer un environnement sécurisé et stimulant qui encourage l'auto-exploration.

- Peut être adaptée à différents âges et stades de développement de l'enfant.


Limites :

- Peut nécessiter un ajustement de la part des parents ou des éducateurs habitués à des approches plus directives.

- Peut être perçue comme moins structurée ou moins axée sur l'apprentissage académique.

- Nécessite une surveillance attentive de la part des adultes pour assurer la sécurité des enfants lors de l'exploration autonome.

- Peut ne pas offrir suffisamment de stimulation ou de variété d'activités pour certains enfants.


En somme, chacune de ces approches éducatives présente des avantages et des inconvénients, et le choix entre les deux dépendra des valeurs éducatives et des besoins spécifiques de chaque enfant et de chaque contexte éducatif.